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Je suis un hérisson

Du plus loin que je m’en souvienne, l’émotion qui m’a accompagnée une grande partie de ma vie c’est la colère. Faut comprendre que tout m’énerve. Je me mets en colère si facilement et si vite que c’est déroutant même pour moi.

Moi je savais quelque part que cette colère puisait sa source dans mon coeur, que j’étais en colère parce que j’aimais trop le monde, les gens, j’aimais trop la vie pour accepter sans broncher de me résoudre à laisser faire.

Laisser faire quoi ?

Alors à peu près tout : la facilité intellectuelle m’énerve, le manque de lucidité m’énerve, la malhonnêteté m’énerve (surtout intellectuelle, l’autre c’est plus compliqué), la bien pensance m’énerve, les gens qui comprennent pas ce que je dis m’énervent, les gens qui agissent comme des robots m’énervent, les gens qui confondent la compassion et l’empathie m’énervent…

Tu vois aujourd’hui le schéma est simple : je suis engagée. Je ne supporte pas les demi mesures et la facilité car elles laissent gagner la peur, la peur d’avoir une opinion radicale, la peur de vexer ou de ne pas être aimé, la peur c’est nul et y céder c’est de la lâcheté.

(police du bullshit bonjour, on nous a signalé une personne qui essaie de rationaliser son hystérie)

En vrai je me suis déjà énervée comme une dingue sur quelqu’un qui avait cassé ma lampe préférée par accident, parce qu’elle faisait pas gaffe à ce qu’elle faisait et c’était un manque de respect pour le monde. Je me suis déjà mise à gueuler pour de l’huile d’olive sur des pâtes au fromage. Parce que c’est un manque de respect (pour l’huile d’olive ? Pour les pâtes ? Pour le fromage ? Qui sait).

En réalité je revois tout ça avec le recul j’ai l’impression d’avoir passé ma vie à être en colère contre moi-même.

Tous ces gens qui font pas ce qu’il faut, tous ces gens qui ne sont pas ce qu’il faut.

Moi au moins j’ai des principes et c’est à peu près tout ce que j’ai.

Pour peu que je me regarde un peu trop attentivement, je vois quelqu’un qui ne fait jamais ce qu’il faut, qui n’est jamais comme il faut.

Et tu sais, quand tu portes un masque de « jamais comme il faut » en étant persuadée que ce masque c’est ta peau, t’as pas le choix. Si tu veux pas démarrer ta vie en te jetant sous les roues de ta poussette t’as vite intérêt à poser un autre masque par dessus. Ne serait-ce que pour que tes parents te supportent (pauvre inconscient ils n’ont pas le choix ! Si tu savais !).

Alors j’avais un grand choix :

👉 Je suis peu soigneuse, bordélique et à côté de mes pompes, mais je suis vachement drôle : masque de clown (police des clichés on nous a appelé parce que … bon bref).
👉 J’ai peur peur peur qu’on m’aime pas car je suis pas comme il faut alors je vais pas aimer les gens par principe comme ça j’ai du contrôle sur la situation. Tu m’aimes pas, m’en fous je t’aimais pas d’abord : masque de l’antipathique.

Cluster numéro 1 : masque du cynique

Attends j’ai pas fini

👉 Le masque des principes est venu plus tard pour justifier ma présence dans ce monde nul rempli de gens faibles qui ne m’aimaient pas parce que je ne suis pas comme il faut.
👉 Ajoutons ici un petit masque du rebelle : mes principes sont si forts que je suis plus forte que tout le monde.
👉 Et terminons le décor avec un petit masque de l’incomprise.

Tadaaaam : Cyrano de Bergerac n’a qu’à bien se tenir.

Bon je vais pas passer la journée à te présenter ma collection de masques, on y serait encore dans un mois.

Ce que je voulais exprimer aujourd’hui c’est qu’un jour j’ai compris que ma colère était de la frustration.

Enfin disons que la colère est la manifestation de ma frustration.

On parlera Design Humain à un moment tu t’en doutes mais pas aujourd’hui.

Il a fallu du temps pour regarder en face la vraie petite personne qui se cachait derrière tous ces masques.

Même quand t’enlèves quelques couches en mode « ok je reconnais mes mécanismes de défense tu crois quoi je suis pas aveugle » en vrai j’avais aucune idée de la Puissance De L’autre.

La puissance d’une petite chose si fragile, née beaucoup trop tôt, beaucoup trop petite pour ce monde, qu’il a fallu mettre dans une boite pour éviter qu’elle meure.

Cette petite chose surpuissante était née pour aimer le monde et le prendre comme il est : magnifique, grand, immense, elle était même pressée d’y entrer.

Elle était venue pour s’incarner sur cette terre remplie de gens comme elle : des gens pas comme il faut…

À suivre …

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Étiquettes : Last modified: 20 octobre 2022